
POURQUOI JE N’AIME PAS QUE L’ON ME SERVE UN VERRE PLEIN ?
OUI, C’EST GENEREUX, MAIS…
Vous commandez un vin dans un restaurant que vous ne connaissez pas. Vous misez sur une région sympa, un peu décalée, un nom de vigneron que vous avez envie de découvrir.
Le serveur part avec la commande et revient… avec un verre … plein. (Cela vous est déjà arrivé ?)
=> Pourquoi est-ce que vous savez d’avance que vous n’allez pas pouvoir profiter de ce verre correctement ?
Le verre en forme de « tulipe », a besoin, pour délivrer ses arômes, que le niveau de liquide ne dépasse pas le premier tiers.
Ainsi, le vin, quand on le fait tourner dans le verre pour l’aérer – et ce n’est pas seulement un geste gracieux que l’on maîtrise avec le temps ! – dégage des senteurs qui se renforcent et se concentrent en rencontrant les bords du verre, qui, dans un premier temps les amplifie, puis les dirige vers le bord – et votre nez. Et ce, d’autant plus finement que le bord du verre est fin et délicat.
Et c’est là, que vous pouvez, en alternant votre concentration sur le bord du verre puis au centre du cercle créé par le cristal, déceler tous ces arômes – qui vous font mourir de rire comme le sketch sur le sommelier déclinant une liste complètement dingue littéraire et exotique sur ce qu’il vient de sentir.
Là ! A cet instant, vous décèlerez les petites fleurs blanches, délicates, d’un Chardonnay bien élevé ou le beurre d’un Meursault évolué, ou encore les arômes profonds de petits fruits noirs mûrs d’un bon Pinot Noir de la Côte-de-Nuits. Même si vous n’y connaissez rien. Parce que dans votre vie, vous avez déjà senti le tabac, peut-être l’odeur inoubliable de la truffe, et aussi bien entendu la fraise écrasée dans votre assiette par votre grand-mère ou … le pipi de chat qui parfois qualifie un Sauvignon maltraité.
Un monde s’ouvre à vous, ce n’est pas un verre d’alcool, juste à l’odeur qu’il dégage, c’est un verre de souvenirs qui se bousculent. Et il vous faut du temps pour les organiser dans votre tête. Et quand cela devient clair pour vous, alors vous pouvez en parler de manière émerveillée. Parce que ce n’est pas seulement le vin, c’est aussi une partie de votre monde sensoriel qui se révèle avec poésie.
Donc le verre plein. NON ! … Mieux vaut le verre à moitié vide.