Sauver les vignes, un effort collectif … ou pas !

Sauver les vignes, un effort collectif … ou pas !

Les 6, 7 et 8 avril 2021 seront des nuits à haut risque pour l’ensemble du vignoble français, vu les bulletins météos. Depuis 2012, le changement climatique oblige les viticulteurs bourguignons à protéger leurs parcelles durant la nuit.

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Jusqu’aux « Saints de glace » – Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Boniface (les 11,12 et 13 mai), les risques de gel ont toujours été monnaie courante, mais depuis 10 millésimes, les vignes « débourrent » bien trop tôt et les bourgeons éclos craignent ces températures en dessous de zéro. Le risque ? Des vendanges réduites de moitié, voire pas de vendange du tout…

Différentes méthodes sont utilisées, certaines mutualisées comme les brûlages de paille ou les éoliennes dans le chablisien notamment. D’autres, individuelles, mais coûteuses sont utilisées comme les installations de bougies – à l’origine de photos magnifiques et virales, l’aspersion, les tisanes (si,si !) dans le Mâconnais ou … le vol d’hélicoptère.

La vigne au petit matin protégée du gel par les bougies. Crédits photos Arnaud Finistre – Hans Lucas

Avant, on brûlait de la paille …

Comment augmenter les températures sur des parcelles lorsqu’elles sont éparpillées et qu’aucun consensus entre les propriétaires n’est possible ? C’est la question à laquelle se heurtent les vignerons bourguignons durement touchés par le gel cette dernière décennie.

Une première réponse avait été le brûlage de bottes de pailles en commun… Presque en commun. Pas chère, cette méthode est possible en demandant une dérogation à la préfecture. L’idée étant de générer un voile de fumée au-dessus des plantes et d’empêcher d’une part le froid de s’installer au sol, d’autre part de stopper les premiers rayons de soleil afin qu’il ne grille pas trop durement les bourgeons éclos de manière (bien trop) précoce.


Mais tout le monde ne joue pas le jeu. Encore moins les habitants qui le vivent mal. Normal, ils se réveillent le matin dans un brouillard compact et étouffant qui tient parfois jusque dans l’après-midi. Pour achever cette technique pourtant approuvée par ceux qui la pratiquent, une première étude menée en 2020 par le CAVB (Comité d’Action des Vignerons de Bourgogne), démontre que les résultats ne sont pas au rendez-vous. Résultat, pour cet épisode de gel 2021, aucune demande de dérogation n’a été faite en Côte-d’Or.

Le gel, un supplice pour les vignerons, un délice pour les yeux

La solution alternative, c’est la bougie (voir reportage). Installées la veille par centaines au pied des vignes, elles sont capables de réchauffer les rangs durant 8 heures, donc une nuit… voire deux. Mais c’est une solution coûteuse, difficile de convaincre tous les vignerons de les allumer ensemble pour créer un vrai effet de chaleur … Imaginez, on dispose entre 200 et 500 bougies par hectare et leur prix est de 8€ l’unité. De plus, il faut du monde pour les allumer ! Vous verrez, durant ces nuits marquantes, des équipes de 4 ou 5 vignerons frigorifiés parcourir, chalumeau à la main, les rangs entre 3 et 4 heures du matin. Avant le lever du jour, la vue est majestueuse, la côte est illuminée, les images sont devenues célèbres.

Dans le chablisien, on brasse le vent à l’aide d’éoliennes. L’aspersion est de mise en Bourgogne, mais là encore, individuelle et coûteuse puisque la technique nécessite des milliers de litres pour créer une coque protectrice de glace au bon moment.

Contre le gel ! Soyons créatifs !

Il existe d’autres techniques pour lutter contre le gel des bourgeons et éviter une perte des récoltes. Dans le Mâconnais par exemple, certains tentent de renforcer leurs vignes avec des tisanes. Malheureusement, si les températures descendent sous la barre des -2°C, ce qui est prévu cette semaine, la préparation ne sera pas efficace.

Durant la nuit, on a entendu aussi des hélicoptères voler au-dessus de parcelles de domaines prestigieux. Pourquoi ? Parce que certains propriétaires ont les moyens financiers de brasser l’air depuis le dessus, empêchant l’air froid de stagner au niveau des ceps. Mais la technique n’est utilisée qu’en dernier recours, et sur les parcelles de très haute valeur comme les Corton Charlemagne Grands Crus !