Savez-vous vraiment lire les appellations ?
Meursault “Les Grands Charrons”, Puligny-Montrachet, Beaune “Les Paules”, Chambolle-Musigny, Marsannay “Les Longeroies”, autant d’appellations qui figurent sur les étiquettes de vos vins, mais savez-vous vraiment ce qui se cache derrière ?
En Bourgogne, l’histoire et la classification des appellations sont complexes … mais passionnantes ! Suivez-nous on vous explique tout depuis le début.
Bourgogne – Année Zéro
A l’origine, il y avait les Romains. ces envahisseurs civilisés venus nous apporter les routes pavées, les fontaines, les amphores et … la vigne. Les locaux, Celtes et Gaulois, ont adopté avec bonheur cette nouvelle liane venue du sud et ajouté à leurs habitudes le verre de vin… si bien qu’il détrôna la bière celte.
Le vin devenu un bien commercial important, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi légiféra à son sujet, évinçant le gamay, le sauvignon et donnant la préférence aux cépages Chardonnay et Pinot pour leur finesse et leur adéquation avec le terroir. Une pierre importante était posée à l’édifice bourguignon des appellations.
Les moines ont exploité les vignes pendant la période médiévale – moines cisterciens et clunisiens – classant minutieusement les parcelles en fonction de leurs qualités organoleptiques, retrouvées dans les vins. Un classement à l’origine de ce qui deviendra en 1936 le classement officiel des premières parcelles en appellation régionales / Villages / Premiers Crus / Grands Crus.
La Bourgogne s’étend sur 250 kilomètres du nord au sud, de Chablis à Mâcon. Et dans ces 250 kilomètres, nous trouvons au total 28 240 hectares de vignes. Afin de définir, classer et contrôler les vins, des appellations sont introduites.
Les appellations sont divisées en 4 catégories :
– 7 appellations régionales
– 44 appellations villages
– 640 appellations premiers crus
– 33 appellations grands crus
Un millier de Climats en Bourgogne
Plus récemment encore, en 2015, sous l’égide de l’un des propriétaires de la Romanée Conti, Aubert de Villaine, la Bourgogne a milité activement pour que soient reconnus au Patrimoine Mondial de l’Unesco ses “Climats”. Ici, il ne s’agit aucunement de météo mais bien d’identités de terroirs. Un Climat correspond à une unité de composition géologique associée à un environnement précis, des microcosmes de quelques ares, souvent, et qui confèrent différents “goûts”, structures, qualités organoleptiques aux vins.
Dans les faits, deux vignes voisines de quelques mètres peuvent exprimer des identités totalement différentes si tant est que l’une soit située sur une veine constituée de roches différentes, ou que l’autre pousse sur une pente plus calcaire, soit à peine plus ensoleillée, voire enserrée dans un clos.
La Bourgogne recèle plus d’un millier de Climats différents, ce qui fait son incroyable richesse !
Les typicités garanties et ficelées par les appellations
Ces parcelles sont enregistrées dans les différentes appellations de Bourgogne : le Climat, le sol, la topographie, le rendement, les cépages autorisés, la méthode de vinification et la méthode d’élevage. Tous ces éléments sont recensés dans le cahier des charges et permettent alors de définir les appellations.
Il est tout à fait possible d’acheter une parcelle de vignes en Premier Cru. Toutefois, pour que le vin puisse avoir l’appellation Premier Cru il faut suivre à la lettre le cahier des charges.
Petite anecdote. Un jour, un vigneron a acheté une parcelle en Premier Cru. Seulement voilà, il trouve que la terre n’était pas assez poreuse, il décide donc d’ajouter à son vignoble une terre un peu plus poreuse. Malheureusement pour lui, si nous changeons le Climat du sol nous perdons instantanément notre appellation.
Les appellations permettent donc de garantir la typicité, elles sont importantes pour protéger la complexité et la spécificité du terroir, des Climats et des techniques de vinifications. Plus les appellations sont prestigieuses (par exemple « Grand crus ») plus le cahier des charges est minutieux.