Causerie avec … Jean-Christophe Perraud

Causerie avec … Jean-Christophe Perraud

Installé à La Roche-Vineuse, Jean-Christophe Perraud cultive depuis 2005 les vignes familiales réparties sur cinq communes en appellations Bourgogne, Mâcon Villages et Mâcon La Roche-Vineuse. Anima Vinum a été séduit par des vins bien faits, et une démarche respectueuse des terroirs.

Quelle est ta parcelle préférée ?

C’est « La Lie », une vigne enclavée dans une forêt de pins du midi. A Mâcon, nous sommes sur une barrière géographique entre le Nord et le Sud. Nous avons des influences méditerranéennes ici. La vigne est exposée plein sud, ce qui donne des vins puissants, mais elle jouxte les carrières de « La Lie » et donc, elle profite d’un sol très calcaire.

Les vins issus de cette vigne sont très jolis avec une minéralité crayeuse, une certaine puissance qui fait souvent dire aux dégustateurs qu’elle est élevée en fûts alors que non. Au final, les jus de cette vigne, une fois vinifiés, sont ajoutés à notre Mâcon Village dans un assemblage pour qu’il soit au top.  

Qu’est-ce que veut dire pour toi « prendre soin de ses vignes » ?

Un peu comme un bonzaï, c’est apporter des petits soins tous les jours aux vignes. J’aime qu’elles soient comme un buisson bien taillé, qu’elles soient bien propres, bien grattées, avec de beaux raisins, de belles feuilles. Je suis heureux d’emmener mes clients dans des vignes bien entretenues, et de leur montrer autre chose qu’une friche infestée de mildiou ou d’oïdium, en dépérissement.

Un auteur fétiche ? (en termes de techniques de vignes) ?

Peut-être pas fétiche, mais en ce moment je suis le travail des Massons pour leurs techniques en biodynamie, du moins, j’essaie, quand j’arrive à m’octroyer un peu de temps. Mon idée est d’adapter la philosophie de la biodynamie à ma pratique et à notre surface (40 hectares de vignes) – car eux, travaillent plutôt sur 10 hectares. Je ne veux pas le pratiquer à fond car alors il faudrait multiplier le personnel. Mais je souhaite apprendre, m’inspirer de leur ressenti, trouver un certain modelage pour nous adapter au sein du domaine.

Pourquoi es-tu passé HVE ?        

En fait, nous travaillons déjà en bio non certifié depuis 2018. Depuis que nous avons eu un souci il y a quelques années avec un produit conventionnel. Nous avons tout arrêté et sommes tout simplement passé au soufre et au cuivre.

Le label HVE, tout le monde en parlait. Quand je me suis renseigné, je me suis rendu compte que nous remplissions déjà tous les critères. Il suffisait de remplir une fiche ou deux en plus.

Aujourd’hui, ma démarche consiste à explorer du côté des huiles essentielles, des tisanes, mais c’est tout un processus, qui se fait étape par étape. L’idée étant de réduire les doses de cuivre et de soufre graduellement.

C’est quoi ta période la plus speed ?

Ça ne s’arrête jamais réellement. Peut-être un peu au mois d’août, peut-être un peu au mois de décembre.

Ta période préférée ?

Je dirais le printemps… C’est joli, ça pousse, ça sent bon, on voit redémarrer la nature, les couleurs. Les insectes, les oiseaux, toute l’activité se remet en route et tout évolue très vite, croît de jour en jour.

 La période où tu fais le plus déguster ?

Entre janvier et mai. En janvier avec les grands castings anglais, ensuite en février avec les salons. Nous allons à Wine Paris et cette année à Pro Wein (Düsseldorf). Et puis jusque fin mars, nous venons aux Grands Jours de Bourgogne… On donne à déguster également pour les concours.

La région viticole (hors la tienne) que tu préfères boire en été ?

Je dirais la Loire ! Blancs et rouges.

J’aime le Grolleau et le Muscadet quand ils sont bien faits. Je bois avec bonheur des vins des domaines Pithon-Paillé et ceux de Catherine et Pierre Breton. Il y a plein de belles choses là-bas, c’est une super région que j’apprécie énormément, les vins ressemblent d’ailleurs un peu aux Bourgognes.

C’est la région où l’on trouve le plus de vins natures, à la déconne, avec des étiquettes farfelues. Je trouve cela très bien de leur part, des vins délirants et remarquables.

Tu es plutôt vignes ou vinif ?

Vinif ! Je suis tout le temps à la cave !  (Ou … au bureau)

Tu fais plus confiance à ton intuition ou à ton œnologue ?

Je me fais beaucoup confiance, j’aime recevoir un conseil, une appréciation de la part de mon entourage, néanmoins. Mais c’est moi qui tranche à la fin.

Est-ce que l’augmentation des prix du vin en 2021 t’a permis d’acheter un nouveau 4×4 et  un château en Espagne ?

L’augmentation des prix, nous a aidé à faire face à la petite récolte 2021, et une inflation importante des prix des matières premières et de l’énergie. Nous continuons également d’investir pour rester performants et rester compétitifs.

Nous ne priorisons pas notre train-train habituel au détriment de la vigne. Nous avons une conscience, nous nous remettons en question régulièrement, c’est une manière de toujours progresser, de mieux faire.

Conversation with … Jean-Christophe Perraud

Based in La Roche-Vineuse, Jean-Christophe Perraud has been cultivating family vines spread across five communes in the Burgundy, Mâcon Villages and Mâcon La Roche-Vineuse appellations since 2005. Anima Vinum was won over by well-made wines and an approach that respects the terroirs.

What is your favorite plot ?

This is “La Lie”, a vineyard set in a southern pine forest. In Mâcon, we are on a geographical barrier between North and South. We have Mediterranean influences here. The vineyard faces south, which produces powerful wines, but it adjoins the quarries of “La Lie” and therefore benefits from very calcareous soil.

The wines from this vine are very pretty with a chalky minerality, a certain power which often makes tasters say that it is aged in barrels when it is not. In the end, the juices from this vine, once vinified, are added to our Mâcon Village in a blend so that it is at its best.

What does “taking care of your vines” mean to you ?

A bit like a bonsai, it means providing little care to the vines every day. I like that they are like a well-trimmed bush, that they are very clean, well scraped, with beautiful grapes, beautiful leaves. I am happy to take my clients to well-maintained vineyards, and show them something other than a wasteland infested with mildew or powdery mildew, withering away.

A favorite author ? (in terms of vine techniques) ?

Maybe not a fetish, but at the moment I’m following the work of the Massons for their biodynamic techniques, at least, I try, when I can find some time. My idea is to adapt the philosophy of biodynamics to my practice and to our surface area (40 hectares of vines) – because they work more on 10 hectares. I don’t want to practice it thoroughly because then we would have to increase the number of staff. But I want to learn, be inspired by their feelings, find a certain modeling to adapt within the field.

Why did you label HVE ?

In fact, we have already been working in non-certified organic since 2018. Since we had a problem a few years ago with a conventional product. We stopped everything and simply switched to sulfur and copper.

Everyone was talking about the HVE label. When I inquired, I realized that we already met all the criteria. All I had to do was fill out an extra form or two.

Today, my approach consists of exploring essential oils and herbal teas, but it’s a whole process, which is done step by step. The idea is to reduce the doses of copper and sulfur gradually.

During the year, when is the fastest working time ?

It never really stops. Maybe a little in August, maybe a little in December.

When is your favorite time in a year ?

I would say spring… It’s pretty, it grows, it smells good, we see nature and the colors starting up again. The insects, the birds, all the activity is starting up again and everything is evolving very quickly, growing day by day.

When do you you mostly receive people for tastings ?

Between January and May. In January with the major English castings, then in February with the trade shows. We are going to Wine Paris and this year to Pro Wein (Düsseldorf). And then until the end of March, we come to the Grands Jours de Bourgogne… We also give out tastings for the competitions.

Which is your favorite drinking region in France during summer time ?

I would say the Loire! Whites and reds.

I like Grolleau and Muscadet when they are well made. I happily drink wines from the Pithon-Paillé estates and those of Catherine and Pierre Breton. There are lots of beautiful things there, it’s a great region that I really appreciate, the wines are a bit like Burgundy.

This is the region where we find the most natural, silly wines with crazy labels. I find this very good from them, crazy and remarkable wines.

Are you more into making vines or making wines ?

Making wine! I’m in the cellar all the time! (Or…at the office)

Do you trust your intuition or your oenologist more ?

I trust myself a lot, I like to receive advice and appreciation from those around me, nonetheless. But it’s me who decides in the end.

Have the increase in wine prices in 2021 allowed you to buy a new 4×4 and a castle in Spain ?

The increase in prices helped us cope with the small 2021 harvest, and significant inflation in the prices of raw materials and energy. We also continue to invest to remain efficient and competitive.

We do not prioritize our usual routine to the detriment of the vineyard. We have a conscience, we question ourselves regularly, it’s a way of always progressing, of doing better.