Causerie avec le Domaine des Rois Mages

Causerie avec le Domaine des Rois Mages

Le domaine des Rois Mages collabore avec Anima Vinum depuis plusieurs années, avec son nom qui fait rêver. Son nom ? Et pas que ! Nous sommes des inconditionnels des cuvées réalisées en famille par Félix Debavelaere, seconde génération de vigneron et ses parents. Et nous avons pris un quart d’heure pour discuter au chaud dans la cuverie en ce second jour de neige !

Quelle est ta parcelle préférée ?

C’est celle de Rully Villages « Les Cailloux », nous sommes sur un plateau calcaire, ce sont des vignes qui ont 60 ans.

Pourquoi ?

C’est vraiment un des plus beaux terroirs de Rully, je pense. D’ailleurs nous sommes le domaine de Rully possédant le plus d’appellations en parcellaire.

Quel vin donne-t-elle ?

Des vins avec une tension, de la fraîcheur, une belle élégance, beaucoup de pureté. C’est d’ailleurs cette cuvée que nous élevons en foudres de 456 litres, depuis 2019.

D’où vient le nom du domaine ?

Le domaine existe depuis 1984. Il a été créé par mon père. Il était médecin. Mes parents viennent du Nord de la France. Pour leur voyage de noces, ils sont allés sur la Côte d’Azur – à l’époque, on n’allait pas à Tahiti ou aux Bahamas) – ils ont fait une halte en Bourgogne, ils en sont tombés amoureux. Ils ont repris une maison de famille en Bourgogne. Se sont installés là-bas et ont poursuivi leurs activités professionnelles ici. Mon père a guéri un jour une patiente de Rully qui lui a donné un champs en appellation. C’est comme cela que nous sommes devenus vignerons. Mon père a planté la parcelle, c’est la naissance du Domaine De Bavelaere. C’était un peu compliqué parce qu’il y avait 4 « e » et 2  « a » – c’est un nom flamand – et du coup on a choisi de s’appeler le Domaine Rois Mages car le nom de famille de ma mère, c’est « Melchior ». Maintenant, c’est facile à retenir pour tout le monde, et c’est joli !

As-tu un objet fétiche en tant que vigneron ? Lequel ?

Mon ouillette, pour ouiller les fûts, c’est un joli objet, je trouve.

Qu’est-ce que veut dire pour toi « prendre soin de ses vignes » ?

C’est bien entendu avoir des vignes saines, sans herbes. Pour moi, le principal est l’entretien des sols de manière mécanique (nous passons la griffe, les interceps).  Nous n’utilisons pas de désherbants.

Quelle type de culture pratique le domaine ?

Nous sommes en culture raisonnée depuis toujours, donc pas de désherbants, et un important travail du sol. Nous traitons toute l’année en bio, mais nous nous autorisons des traitements intermédiaires, au besoin, en conventionnel.

C’est quoi la contrainte ?

La contrainte, c’est beaucoup d’heures de travail à l’enjambeur pour éviter que l’herbe ne prenne le dessus !

C’est quoi ta période la plus speed ?

Il y en a deux. La première, ce sont les vendanges – remarque, c’est presque “plus cool” car nous sommes 25 personnes pour 10 hectares. La seconde, c’est mai-juin, en pleine période végétative. L’herbe pousse vite, les vignes doivent être entretenues pour préparer la fructification et la vendange, on a les pioches, les plantes (vignes jeunes, ndr) doivent être entretenues. Oui, nous avons pas mal de boulot à ce moment-là.

Ta période préférée ?

C’est le début du printemps, quand la végétation se réveille et qu’on repart sur un nouveau millésime, fin mars-début avril. J’aime le fait de démarrer un nouveau challenge et embrayer sur les vinifications du millésime qui arrive. Nous avons 4 mois intenses où nous préparons le vignoble pour que les raisins soient parfaits et que l’on obtienne du bon vin. Ici se jouent 90% de la qualité de notre futur vin.

La période où tu fais le plus déguster ?

C’est en novembre-décembre. Nous recevons de moins en moins de particuliers, à vrai dire, et ce ne sont que nos fidèles clients. Aujourd’hui, notre clientèle a évolué et est plutôt professionnelle.

La région viticole (hors la tienne) que tu préfères boire en été ?

Pour l’instant, j’aime boire de la Corse. Attends… Qu’est-ce que j’aime… (il réfléchit) Le domaine Sant’Armettu (Sartène), le domaine de Torracia (Lecci). Finalement, ils me font un peu penser aux vins bourguignons, avec cette finesse, cette pureté, sur les cépages Sciaccarellu, Niellucciu !

Tu es plutôt vignes ou vinif ? (ou les deux )

Je suis un peu des deux… A-t-on vraiment le choix ? La vinification, c’est l’aboutissement d’un long travail, et c’est vraiment très sympa. Tandis que le travail à la vigne, c’est plus ingrat, c’est très long – même si au final, c’est le plus important.

Finalement, la vinification c’est le 10% restants du travail de l’année, l’achèvement.

Tu fais plus confiance à ton intuition  ou à ton œnologue ?

Quand même … plus à mon intuition ! On connait bien ses vignes, on sait qu’on a des terroirs plus tardifs que d’autres, les terroirs qu’il faut ramasser plus vite… L’intuition et la connaissance de son vignoble sont essentielles, je pense.

L’œnologue vient en support – il a la chance de pouvoir goûter dans 50 domaines différents, il voit un peu partout les problématiques sanitaires qui se dessinent, l’effet millésime. L’oenologue est important aussi. Je suis œnologue de formation mais cela ne m’empêche pas d’avoir besoin d’un avis extérieur. C’est hyper important, parce qu’après tout, on ne goûte pas si souvent que cela chez les autres.

Un vin pour le Nouvel an ?

Oui ! Un bon souvenir ! Nous avons a bu un vin très agréable – c’était mon vin coup de Cœur – qui venait de Bellet juste à côté de Nice. Un tout petit vignoble provençal de 50 hectares travaillant le cépage Braquet noir. C’était le domaine Clos Saint-Vincent. Un plaisir !