Le millésime 2025 pas à pas

Le millésime 2025 pas à pas

1/ 2025 : MILLÉSIME INCLASSABLE

Pour mieux le comprendre, 2025 doit être replacé dans le contexte vigneron. 2024 a fortement éprouvé les vignerons, c’est un millésime difficile qui aura marqué au fer rouge par son adversité, par sa complexité.

« Et donc, nous avons voulu croire au fait que 2025 serait facile. En se mettant des œillères. »

Et en effet, l’hiver a été relativement normal avec des gelées successives, une pluviométrie normale. Le printemps a été tout à fait dans les normes de saison, avec quelques coups de chaud qui ont donné une précocité au millésime.

En cela, 2025 ressemble un peu à 2015. Sauf qu’après ce démarrage fulgurant de la végétation, tout a été très calme. Nous avons eu le temps de faire les travaux de la vigne : relevages, accolages, nos différentes opérations de labours. Concernant les traitements, là encore rien de trop compliqué.

 Une simplicité de mise en œuvre, que l’on a prise avec beaucoup de bonheur.

Mais en réalité, les choses n’étaient pas tout à fait acquises.

Les inflorescences ont été assez faible, voire moyenne. Au bout du compte, la petite récolte n’est pas étonnante au vu de la sortie initiale. La taille des grappes était aussi évocatrice : des structures lâches, petites, des baies plutôt espacées.

« Aux Hospices, conscients de cela, nous avons mené un ébourgeonnage modéré pour en garder le plus possible. »

La floraison ne s’est pas très bien passée. Le contexte climatique était un peu chaotique : du vent, quelques pluies, des températures hétérogènes.

« Cela m’a mis la puce à l’oreille. »

L’été s’est déroulé de façon assez facile. Mais juillet n’a pas été si « parfaitement parfait » – en termes de conditions météo. Pour autant, la vigne a gardé sa précocité. Les véraisons se sont enclenchées très vite. « Cette année, dans les résides parcellaires au 26 juillet, on avait déjà 10 à 15 % de véraisons. »

2025, ça n’a pas été un cauchemar, mais ça n’a pas été « si » simple.

DEUX MOMENTS MARQUANTS DU MILLÉSIME

Le premier, c’est le débourrement. Le début officiel de la campagne.

« Parce que je suis toujours teintée d’un certain trac. Cela lance officiellement le début « des hostilités ».

Cette année, le débourrement a eu lieu très tôt. La végétation a bougé rapidement en avril. Pas de gel et rapidement un cycle assez doux, jusqu’à mettre toutes les jeunes pousses à l’abri.

Le second moment mémorable, c’est la floraison.

« Elle a eu lieu comme je le pressentais sur un nombre de grappes assez faible, et en plus sur des structures de grappes un peu petites. Les baies n’ont pas toutes été fécondées, ou elles ont avorté ou fait du millerand. »

Au finale, 2025 a été anticipé comme millésime parfait, mais il a quand même suscité quelques adversités pour produire des fruits très beaux aux vendanges.

« C’est un millésime qui n’a nul autre pareil. »

2025, UN MILLÉSIME PRÉCOCE

Oui, c’est un millésime précoce. On a toute l’année conservé cet état de précocité.

COUP D’ENVOI DES VENDANGES INHABITUEL

« Nous avons démarré à Meursault ! Nous avons vendangé à Pouilly-Fuissé 6 jours plus tard ! »

« Nous sommes allés chercher nos Meursault, nos Beaune Clos des Mouches, nos Beaune blanches, nos premiers crus Clos des Mouches et le Bâtard Montrachet, le vendredi parce que les contrôles de maturité du mardi 19 août étaient bons. »

Les fruits sont magnifiques, savoureux, incroyables et avec des degrés probables à 13. Comme le temps a été annoncé très beau, très chaud et très sec de nouveau encore cette fin de semaine-là, Ludivine décide de ne pas attendre pour ne pas faire monter les degrés.  Malgré l’adversité logistique, malgré la difficulté d’avoir tout organisé rapidement à la dernière minute et à tout mettre en œuvre pour y arriver, le 25 août, le premier coup de sécateur était donné.

« Et on a eu raison !  Je pense avoir pris la bonne décision de pour les vins du domaine des Hospices de Beaune. »

Tu nous donnes envie de goûter !

2/ MILLÉSIME ÉPIQUE vu par Ludivine Griveau

« Ce qui a vraiment fait que j’ai été rassurée dans ma date de vendange, c’est parce que je l’ai prise avec l’expérience.

Je n’ai pas amalgamé le fait qu’il puisse pleuvoir et donc apporter plus de jus. S’il pleut longtemps, la pluie n’a aucun bénéfice, le jus n’a pas le temps de se mettre dans les baies avant l’arrivée de la pourriture.

Et c’est exactement ce qui s’est passé. Il a plu de façon régulière et continue.

Donc, figure-toi qu’on a commencé par Meursault. Avec des éclairs, du tonnerre, avec tout le risque de voir la vendange tourner. Ce qu’on appelle « faire tourner et virer la vendange ».

Sans oublier le Botrytis, sans oublier un gonflement des baies, intempestif, parce que la vendange était quand même au bout. Donc, on a été chercher Pouilly Fuissé que le mercredi qui a suivi. Ça, c’est une première ? C’est une première.

« C’est une première. Et moi, tu sais, j’aime bien ne pas avoir de règles. Ma première règle, c’est de ne pas en avoir. »

Il a fallu convaincre les équipes d’y aller : «  Si on fait des Chardonnay à 15, c’est bien simple, ce n’est pas moi qui les signe.  Et puis, vous irez expliquer au plus grand nombre que vous avez pris une décision de date de vendange avec de la logistique et non pas avec de la qualité. »

Tout le monde a redoublé d’efforts.

Je suis rentrée de congé le 18 août. Le 18 août à 8h02, j’avais perdu absolument tout le bénéfice de mes vacances. Mais au moins, c’était vraiment pour la bonne solution.

Et on est allé chercher nos Cortons avant les Volnay. Donc, on a complètement rebalayé l’ordre de vendange. Les états sanitaires se sont tenus.

Nous n’avons pas eu à vendanger de pourri. La maturité était bloquée dans le sens où la vigne était au bout.

Tu sais, quand tu commences à avoir l’attache des grappes qui est brune, les échanges avec la plante sont tout à fait limités. C’est quasiment terminé. Dans la plupart des cas, c’était cette situation-là que l’on observait.

Et par conséquent, il faut y aller avant que la vendange ne s’abîme. On a vendangé 55 hectares en 9 jours. »

SOLAIRE : OUI MAIS…

UN MILLÉSIME DOUBLE 

Les dégustations vont être très intéressantes parce que cela va inévitablement se retrouver dans les vins. Les raisins sont à maturité et très concentrés.

« Oui, mais attention : selon la maturité qui appartient à ce millésime ! Car nous avons eu recours à la chaptalisation dans certaines cuvées où cela n’est pas allé plus loin, les sucres ne s’accumulaient plus. Les sucres ne se fabriquaient plus. »

La maturité aromatique et la maturité des peaux étaient présentes.

Cette année, la maturité œnologique était en retard. C’était étonnant.

  • Le millésime était précoce. Maturité aromatique et maturité polyphénolique : pépins bruns, peaux d’où le jus sort facilement très noir.
  • Des tanins déjà très bons. De la matière, déjà très agréable.
  • Un décalage total avec la maturité œnologique qui lance les vendanges. L’équilibre du millésime est comme cela. Avec de très belles acidités : c’est un millésime pêchu.

Visuellement, il fait penser à millésime très solaire. Mais en bouche, pas du tout. Ce sont deux millésimes en un. On a deux perspectives, deux lectures différentes.

LES ROUGES : DES COULEURS INTENSES ET DES ACIDITÉS !

« Cette maturité aromatique, justement. Je me suis employée à aller chercher cette fraîcheur aromatique, à aller la grappiller jour après jour.

On a fait des macérations pré-fermentaires à 8 degrés pendant 9 jours. On décuve actuellement nos cuves qui sont rentrées le 25 août. Donc, on a 3 semaines.

MILLÉSIME EN 5

La couleur, on n’a pas eu à beaucoup aller la chercher, mais je trouve qu’elle est venue facilement et elle est plutôt stable. On parlait de millésimes en 5. Je me souviens que 2015, la couleur sortait toute seule aussi. C’était fou, les vins étaient d’une couleur… très dense, très profond. Et ensuite, on a plutôt travaillé des extractions douces. Je n’hésite pas à avoir recours au pigeage.

J’aime bien. Cette année, c’était plutôt « pédale douce » au niveau pigeage parce que la matière est sortie assez facilement. Les fermentations se déroulent très bien parce qu’elles sont dans un contexte d’acidité qu’elles adorent.

Il n’y a pas de surchauffe, pas de production d’alcool trop importante. Mais il y a tous les ingrédients mis pour faire des très grands vins rouges. Et la maturité aromatique, ce sont des décoctions de framboises, de fraises des bois.

On est sur des choses sans que ce soit lourd, sans que ce soit cuit. C’est vraiment sur des arômes de fruits rouges. C’est très classique pour les Pinot Noirs, j’ai l’impression. »

Très coloré. Très noir, mais très, très coloré, très rubis, vraiment très profonde. Aromatiquement et gustativement, on va revenir en Bourgogne.

On va retrouver cette élégance, cette consistance des vins de Bourgogne qu’on aime tant.

VINIFICATION PARCELLAIRE

Les Hospices de Beaune ont travaillé en vinification parcellaire, bien évidemment. D’autant que 2025 porte beaucoup d’identité dans les terroirs.

« C’est bien que ça tombe pendant l’anniversaire des climats. Parce que s’il y avait un millésime qui les exprime bien, c’est bien 2025. »

C’est un millésime qui sera, je pense, vraiment apprécié. Je pense qu’il sera abordable, accessible.

MILLESIME BON POUR LE BIO !

 Cela fait partie de nos convictions, que le bio est en faveur de la qualité de nos vins. Après, un millésime 2024 extrêmement compliqué sur le plan du bio, 2025 c’était « confort ». Nous avons eu les fenêtres météo pour traiter quand nous le souhaitions. Ce n’était pas un casse-tête.

Les doses de cuivre et de de soufre sont revenus à des taux beaucoup plus normaux. La difficulté du bio, est de pouvoir le bon moment afin d’optimiser l’efficience de chaque traitement.

UN NOUVELLE MÉMORABLE POUR LES HOSPICES DE BEAUNE

Au mois de juin, la famille Faiveley a fait don d’une parcelle de 19 ares de Clos de Vougeot Grand Cru au domaine des Hospices de Beaune. L‘annonce a été faite dans le cadre de l’anniversaire des 200 ans de leur maison familiale, c’est un projet que la famille Faiveley mène depuis longtemps dans l’idée d’un « pour toujours » avec l’institution des Hospices.

« Je suis hyper touchée, hyper fière.  Je confirme que la planète a encore de beaux jours devant elle avec des personnes comme celles-là. Et franchement, c’est un grand bonheur. »

Je suis super stressée aussi parce que Jérôme – le directeur technique de la maison – m’avait dit « Tu verras, cette parcelle n’est pas simple, mais tu te l’approprieras. »

UN GRAND CRU EN CLOS DE VOUGEOT

C’est dans le lieu-dit qu’on appelle « Les Baraques ». Elle est plutôt dans le bas du Clos, bas de coteaux. Ce sont des argiles un peu collantes. Mais la parcelle est très belle.

C’est une vigne de 45-50 ans. Bien installée. Les premiers raisins ont été cueillis le samedi 6 septembre. La production sera de quelques pièces. Ce sera la 52ème cuvée des Hospices de Beaune.

LA VENTE APPROCHE…

Ici, on est mobilisés. J’ai une équipe incroyable avec moi, bien sûr, à mes côtés, avec Sébastien, Flavien, Véronique, avec toutes mes petites fourmis aussi, mes petites abeilles qui sont en train de travailler dur dans la jolie ruche de la cuverie.

Et qui sont hyper impliqués, qui ont conscience des enjeux. Ce sont des gens vraiment fiables. Et pour le régisseur que je suis, c’est important parce que cela me permet d’être ici et de pouvoir m’assurer que tout se passe bien.

Cette année, j’ai vu tous les pressoirs de blanc. Je n’en ai pas raté un seul. J’étais tout le temps sur les tables de tri. Je n’ai pas eu à me déprendre de quelque chose qui, pour moi, est important de voir. En tout cas, c’est comme ça que je sais faire. Donc c’est que de la présence, mais ça compte.

2025 : L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ENTRE AUX HOSPICES DE BEAUNE POUR ALLÉGER LE HANDICAP

La cause cette année, c’est l’intelligence artificielle. Enfin, les technologies intelligentes au service du handicap. Vaste sujet.

Beaucoup de projets sont susceptibles de répondre à cette thématique hyper actuelle.

« Il faut vivre dans l’air du temps. L’intelligence artificielle n’a pas que du bon, mais elle a certainement beaucoup de bon quand il s’agit de faciliter ou d’aider les personnes en situation du handicap. Donc, je suis très contente de cette thématique. »

Je n’ai pas encore le nom de la deuxième association, je crois que c’est toujours en pourparlers. Y compris des parrains et des marraines.

UNE PIÈCE UNIQUE POUR LES PRÉSIDENTS : CAUSA NOSTRA

C’est un casse-tête cette année. Très souvent, c’est quand même le coup de cœur du régisseur. Il faudra que je fasse un peu le tri. La cuvée doit être mise dans un écrin unique, qui soit beau, bien pensé. Donc nous avons encore besoin de réflexion.

Il ne suffit pas d’avoir un grand cru. Le plus important, au fond, c’est la cause. Les équipes des Hospices produisent un grand vin dans la Pièce des Présidents, mais souvent, les acquéreurs l’achètent avec le cœur.

Nous avons acheté à trois reprises la pièce des Présidents, avec Alaor. Je peux t’assurer qu’Alaor n’achète absolument pas le vin qui est dans le tonneau. Il achète la cause. Clairement, il achète la cause.

Le choix de la cause est hyper important. Il faut que cette cause soit en résonance avec le moment.

Merci à tous les acheteurs, qui, avec la maison Anima Vinum, en France et à l’étranger, sont capables aussi d’être toujours là, toujours avec nous. Donc, merci. »